CSA – Communiqué du 11 décembre 2000

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a réuni le 11 décembre 2000 à 10h00 les dirigeants de l’ensemble des radios et télévisions communautaires et confessionnelles juives, musulmanes et chrétiennes de France, afin d’évoquer avec eux leurs problèmes particuliers, le rôle qu’elles jouent dans le paysage audiovisuel français et les responsabilités qui leur incombent dans le traitement des informations concernant les événements en cours au Proche-Orient. Dans son propos introductif, le président du CSA a tenu à rappeler que la force d’une nation laïque et républicaine tient à son esprit de tolérance et à la liberté qu’elle donne à toutes les sensibilités spirituelles et politiques de vivre et de s’exprimer en bonne intelligence. Les échanges ont permis à chacun des participants de décrire sa ligne éditoriale et la manière dont il remplit sa mission, ainsi que les problèmes conjoncturels rencontrés tant dans la récolte des informations en provenance du Proche-Orient que dans la mise en perspective des faits relatés. Les questions liées à la maîtrise éditoriale des émissions de libre-antenne et plus généralement de l’ensemble des programmes ont également été abordées. Les participants à cette réunion ont souhaité unanimement que des rencontres régulières soient ainsi organisées sous l’égide du CSA, afin qu’ils puissent continuer à confronter leurs points de vue et à envisager de nouvelles initiatives communes pour promouvoir la tolérance et faire respecter les valeurs républicaines, auxquelles tous ont réaffirmé leur attachement. En conclusion, le président a souligné la responsabilité éditoriale particulière des dirigeants de ces radios et télévisions compte tenu des répercussions du conflit israélo-palestinien sur la vie nationale. Il les a appelés à une grande vigilance et au respect de la réglementation et de leurs engagements conventionnels.
 
Liste des participants
Etaient représentées les télévisions, radios et associations suivantes :
– Télévisions : TFJ ( M. Ghislain ALLON), KTO (M. Bruno LECLUSE, directeur), BRTV (M. Mustapha SAADI),
– Radios : Radio Judaïca Lyon (M. Richard BENITAH, président), Radio Salam. Lyon (M. ZAÏRI, administrateur), Radio 100 Kol-Hachalom. Grenoble (M. Patrick Bruttman, directeur d’antenne), Radio Kaléidoscope Grenoble (M. Soussi VINCENT, directeur), Radio Gazelle Marseille (M. Miloud BOUALEM, président), RJM Marseille (MM. Jean-Jacques ZENNOU et Claude ALLALI, président et directeur), Radio Fréquence Soleil Toulouse (M. Ahmed LRHZIEL, directeur), Radio Communauté Kol-Aviv Toulouse (MM. PARTOUCHE et BENICHOU, président et administrateur), Pastel FM Lille-Roubaix (M. Bel Kassam AMIROUCH, chargé de la gestion et de la rédaction), Radio Sud Besançon (Mme Danielle VOIRIN, présidente et M Mohamed HAKKAR, directeur), Radio VTI Dijon, (M Kakouch SALAH, chargé de mission), Radio Shalom Dijon (M. Denis TENENBAUM, président), Radio Aviva Montpellier (M. Hubert ALLOUCHE, président de la radio et président de l’Association des radios juives de France), Radio Shalom Nitsan Nice (M Guy TOUBIANA, président), Radio Judaïca Strasbourg (M. Paul BUCHINGER, membre de la direction), Radio Orient Paris et Province (MM. Mohammad DOUAIDY, président et Jamil SCHALAK, directeur juridique), Beur FM Paris et Province (MM. Nacer KETTANE, Franck DALMAT et Ahmed NAIT-BALK, directeurs d’antenne), RCJ, Radio communauté Paris (M. Shlomo MALKA, directeur), Radio Shalom Paris (M. Bernard ABOUAF, directeur des programmes, M. Robert ASSARAF, président et M. Pierre GANDUS), Radio J Paris (M. Serge HAJDENBERG, président), Radio Méditerranée Paris (M. Tawfik MATHLOUTHI), Judaïques FM Paris (M. Vladimir SPIRO, président), Radio Soleil Paris, Marseille, Saint Etienne, Nancy et Abbeville (M. Abdelmajid DABOUSSI, président), Radio France Maghreb Paris (M. Tarek MAMMI, président).
– Associations : COFRAC ( Communauté Francophone des Radios Chrétiennes représentée par M. Bruno LECLUSE, administrateur), RCF (Radios Chrétiennes en France représentées par M. Charles GORE, secrétaire général), FFRC (Fédération française des radios chrétiennes représentée par M. Yvon GARGAM, président), FRTC (Fédération des radios et télévisions chrétiennes représentée par M. Denis STEFFEN, président).

Réunion avec les représentants des radios et télévisions communautaires juives, chrétiennes et musulmanes de France
Propos introductif d’Hervé BOURGES
Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel

Mesdames, Messieurs,
Je tiens d’abord à remercier, au nom de tous les membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel, l’ensemble des représentants des différentes radios et télévisions communautaires, juives, chrétiennes et musulmanes de France, présents ce matin, d’avoir accepté notre invitation à venir dialoguer et à venir nous faire part des enjeux et des missions qui s’attachent à l’exercice quotidien de leur activité dans le domaine de l’information. Je sais que parmi vous, nombreux sont ceux qui arrivent de province et des quatre coins de la France, et je voudrais tout spécialement les remercier d’être là et d’avoir pris sur leur emploi du temps chargé pour contribuer à enrichir cette rencontre.

Nous savons aussi que certains d’entre vous sont en ce moment en période de ramadan et que ce déplacement constitue pour eux un effort supplémentaire et nous souhaitons, là encore, les en remercier particulièrement. C’est l’actualité qui nous dicte, malheureusement, la date de notre rencontre, et nous ne sommes pas maîtres de l’actualité. C’est la première fois que le Conseil provoque une telle réunion, entre les principaux responsables des médias communautaires et confessionnels de notre pays. La force d’une nation laïque et républicaine tient à son esprit de tolérance et à la liberté qu’elle donne à toutes les sensibilités spirituelles et politiques de vivre et de s’exprimer en bonne intelligence. Nous en sommes hautement conscients, et c’est pourquoi, vous le savez, notre Conseil a toujours été particulièrement à l’écoute des radios et des télévisions que vous représentez ici, dont il estime qu’ils constituent une composante importante de la diversité audiovisuelle que nous sommes chargés de défendre et de faire prévaloir. La laïcité, c’est avant tout la tolérance, l’écoute réciproque, et la compréhension d’autrui, dans ce qui fait son identité et ses convictions. Je regrette, mais c’est un peu la loi du genre, que cette rencontre se tienne à l’occasion d’événements internationaux qui sont à la fois compliqués et dramatiques, et auxquels il est bien compréhensible que certaines des communautés que vous représentez soient particulièrement sensibles. Les affrontements en cours au Proche Orient touchent naturellement tous ceux qui se réfèrent à l’une des religions du Livre, tant elles sont attachées à cette terre à plusieurs titres sacrée. Dès lors toutes les communautés qui se réfèrent aux valeurs que fondent ces religions monothéistes sont évidemment à l’écoute de l’actualité de cette région du monde. Mais justement, si j’évoque les valeurs qui guident vos communautés, et qui trouvent leur origine dans l’une ou l’autre de ces trois religions, c’est aussi parce qu’elles dépassent, dans le temps et dans l’espace, le cadre d’une terre et d’un conflit. Cette terre et ce conflit sont limités géographiquement, et il importe qu’ils le restent, et qu’ils ne trouvent de prolongements artificiels sur un sol où la tolérance mutuelle et la coexistence pacifique prévalent. Dans l’ordre civil et politique, les valeurs de la République priment : les ressortissants de toutes les communautés y sont égaux en droits et en devoirs. Les affrontements, qui opposent depuis plusieurs semaines, à l’autre bout de la Méditerranée, Palestiniens et Israéliens, ont donné lieu à quelques débordements sur certaines de vos antennes, mais je tiens à préciser d’emblée que notre réunion n’a pas pour objet principal de s’arrêter sur des cas particuliers. Elle s’inscrit au contraire dans des perspectives beaucoup plus larges, dans le prolongement du dialogue que nous menons régulièrement avec vous et, à ce titre, elle a d’abord vocation à nous faire regarder ensemble vers l’avenir du secteur des radios communautaires, et à nous permettre de mieux comprendre, au travers des éléments de réflexions que vous pourrez nous livrer, les besoins et les attentes qui sont les vôtres, les difficultés et les obstacles auxquels vous pouvez parfois vous heurter, les passerelles et les liens que vous souhaiteriez mettre en place ou voir se développer.C’est en effet largement par la communication, nous le savons, que s’opère aujourd’hui la construction de valeurs et de références partagées. Si chacun peut et doit conserver son identité, nous devons tous être conscient qu’elle ne peut pleinement s’épanouir que sur un socle de principes partagés, qui excluent le rejet de l’autre et la fuite identitaire. C’est pourquoi mon intervention sera courte, essentiellement constituée d’interrogations et de questionnements, de manière à ce que vous soyez les véritables acteurs de cette rencontre, et que vous puissiez nous dire de quelle manière vous pensez pouvoir consolider, à travers les médias dont vous avez la responsabilité, ces principes communs que nous devons faire partager par tous.Si je devais définir en quelques mots le rôle et l’apport des radios communautaires dans le paysage radiophonique français, je dirais qu’elles y occupent une place à la fois singulière et privilégiée. Un place singulière d’abord, parce qu’au sein de ce paysage radiophonique diversifié, elles sont les seules à placer au-dessus de tout, comme priorité éditoriale, leur appartenance à une communauté qui soit avant tout une communauté humaine, riche de croyances, de traditions et de valeurs. Le message dont elles se font le vecteur est reçu avec d’autant plus de force par ceux qui les écoutent, parce qu’il constitue bien souvent pour eux, à côté de la famille ou des amis, un des seuls moyens de garder un contact vrai avec leurs racines et leur histoire, un des seuls moyens aussi de se ménager une parole. Or nous savons combien, dans nos sociétés dites modernes, le manque de repères se révèle être à l’origine de bien des déchirements.Une place privilégiée ensuite, car en se situant volontairement au-delà des clivages musicaux, les radios communautaires sont en puissance de fédérer presque toutes les tranches d’âge de la communauté à laquelle elles s’adressent et continuent ainsi de jeter un pont important entre les générations. Privilégiée enfin, car elles favorisent ce phénomène d’intégration sociale et culturelle qui fait la richesse de notre société. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, votre rôle est essentiel. Mais vous le savez, ce rôle ne va pas de soi. Il se doit au contraire d’être chaque jour remis en cause pour faire face à une actualité toujours plus évolutive et parfois plus brûlante, pour maîtriser un flux ininterrompu d’informations distillé par des sources toujours plus nombreuses mais au degré de fiabilité variable. Enfin, ce rôle suppose que journalistes et animateurs endossent les responsabilités qui sont les leurs et se gardent, quelles que soient les circonstances, de céder au jeu des influences. C’est pourquoi le Conseil a souhaité aujourd’hui vous rencontrer : pour que vous puissiez lui expliquer comment, dans des domaines aussi différents que celui de l’information, de l’interactivité ou encore du dialogue intercommunautaire, vous envisagez votre rôle. Un des effets sensibles des nouvelles technologies est que la valeur d’une information semble désormais ne plus exister qu’en fonction du temps. A l’instant où elle est donnée, on s’arrache sa primauté mais, quelques heures plus tard, elle devient caduque, remplacée par une autre qui elle même devra rapidement céder la place à une troisième pour satisfaire à la griserie de la nouveauté. Le grand défi est donc de travailler à donner de la cohérence à un monde en mouvement perpétuel, dans lequel tout s’accélère et se superpose et où, pourtant, chaque chose, chaque situation se fait chaque jour plus complexe et plus difficile à appréhender. Dans le domaine de l’accès à l’information, par exemple, avez-vous des accords de reprise ou de retransmission des médias du Proche-Orient ? Comment parvenez-vous à vérifier et à recouper ces sources multiples ? Comment, dans le cadre qui est le vôtre, envisagez-vous votre rôle par rapport aux médias généralistes ? S’agissant plus précisément du conflit israélo-palestinien, quelles sont vos préoccupations en ce qui concerne l’information sur ces événements, quelles sont les demandes des auditeurs par rapport à ce conflit, leurs attentes se rejoignent-elles plutôt vers de l’information pure, de l’analyse, des forums ou des débats ? De même, dans le domaine de l’interactivité, les radios bénéficient de grandes potentialités grâce aux possibilités qu’elles offrent aux auditeurs d’intervenir librement et en direct à l’antenne ou par le biais complémentaire de messages diffusés sur les sites Internet. A cet égard, à partir de quel moment considérez-vous que des propos sont ex

cessifs ? Comment parvenir à gérer et à contrôler les propos excessifs des auditeurs ? Est-ce que vous coupez un auditeur en direct à l’antenne ? L’animateur et le journaliste doivent-ils intervenir à chaque fois pour nuancer ou recadrer les propos qui peuvent être tenus ? Avez-vous des forums, des débats contradictoires, et si oui quels en sont les thèmes récurrents ?Enfin, dans le domaine du dialogue intercommunautaire, le Conseil sera particulièrement sensible à ce que vous pourrez lui dire sur les opérations intercommunautaires que vous menez sur vos médias au niveau local, régional ou national. Beur FM et Radio Shalom ont par exemple diffusé, les 18 et 19 octobre derniers, deux émissions communes présentées par des journalistes des deux radios et appelant à davantage de tolérance. Quel accueil réserve-t-on généralement sur vos antennes à cette forme d’échange et quel bilan vous est-il possible d’en tirer aujourd’hui ? Voilà, ce sont autant de questions qui, sans prétendre à l’exhaustivité, seront néanmoins susceptibles de constituer une sorte de feuille de route à toutes nos réflexions. Je vous propose que nous commencions immédiatement un tour de table, pendant lequel chacun, après s’être présenté, interviendra en quelques minutes, car nous sommes nombreux, sur cet ensemble de thèmes, ou sur les points qui lui paraissent le concerner plus directement.

11 décembre 2000Communiqué n° 438 du 11 décembre 2000

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