Le développement fulgurant de la téléphonie mobile est-il suffisamment pris en compte par Médiamétrie dans les enquêtes réalisées pour mesurer l’audience de la radio ? Pas suffisamment, selon Antoine Baduel, PDG de Radio FG, et Emmanuel Rials, directeur général de Ouï FM. Ces derniers ont adressé le 25 janvier dernier un courrier à Bruno Chetaille, PDG de Médiamétrie, pour demander une évolution des méthodes de sondage de la population. Ils rappellent que l’enquête 126 000 Radio est réalisée exclusivement par téléphone, soulignant son influence directe sur les revenus publicitaires des stations. Ils ajoutent que le comportement des auditeurs évoluent en permanence, et qu’il aujourd’hui « majoritairement mobiles et nombreux à écouter la radio sur des autoradios, des téléphones, des ordinateurs et des baladeurs FM ». Néanmoins, selon Radio FG et Ouï FM, « Médiamétrie n’adapte guère ses méthodes pour sonder nos auditeurs ». Elles expliquent qu’à l’heure actuelle 94% des interviews effectuées entre 17h30 et 21h le sont sur le téléphone fixe du domicile, et ce alors que 9 Français sur 10 sont équipés d’un téléphone mobile. Les deux stations expliquent que « l’usage du téléphone fixe est le plus souvent devenu secondaire », sauf pour certaines catégorie de la population, telles que les personnes âgées ou sédentaires ou encore les populations biculturelles qui utilisent le téléphone fixe pour garder à moindre coût un lien avec un autre pays.
« Malgré nos demandes nombreuses, Médiamétrie n’a pas su ou n’a pas souhaité adapter sa méthodologie centrée sur les téléphones fixes à cette évolution fulgurante des usages », déplorent les deux stations. « Les personnes jointes à leurs domiciles sont-elles un reflet fidèle de la démographie actuelle, ou au contraire sa partie la plus sédentaire, celle qui reste le plus facilement joignable à domicile ? », se demandent Radio FG et Ouï FM. Même si les quotas socio-démographiques sont bien remplis par Médiamétrie, selon le CESP chargé d’auditer les enquêtes, ce dernier révèle que les taux de réponse de l’étude sont en baisse. « Il vous faut maintenant 36 appels pour une interview complète », indiquent Antoine Baduel et Emmanuel Rials. Ils ajoutent qu’une enquête réalisée par Médiamétrie en novembre 2010 sur la joignabilité révèle notamment que 12% des possesseurs de mobiles et d’une ligne fixe déclarent ne jamais être joignables sur leur téléphone fixe entre 17h30 et 21h30. Cette proportion atteint 20% pour les 15-24 ans. « cela n’a rien de surprenant quand on sait le nombre croissant d’actifs qui rentrent tard du travail, et le nombre de commerce qui ferment à 22h, voire minuit dans les grandes métropoles », soulignent Radio FG et Ouï FM. « Pourquoi négligez-vous ces cibles ? », s’interrogent les deux stations.
Depuis la rentrée 2010, elles ajoutent que quelques jeunes absents de leur domicile le soir de l’appel ont été joints sur leur mobile. Une proportion qui ne représente que 0.2% des interviews, soulignent Radio FG et Ouï FM, ajoutant que « les Français sont d’abord et avant tout joignables sur leur mobiles, chez eux… ou ailleurs ». Elles demandent à Médiamétrie « de tout faire pour mettre rapidement en oeuvre un étude d’audience qui respecte et admette les nouveaux modes de joignabilité des populations qu’elle étudie ». Elles estiment que cette évolution du baromètre de mesure de l’audience de la radio doit permettre « de l’ancrer à nouveau dans une réalité qu’elle a peu à peu oubliée », faute de quoi la crédibilité de ces enquêtes et l’égalité de traitement entre les stations seraient compromises, expliquent Radio FG et Ouï FM. « Il en va de la sauvegarde du pluralisme et de la diversité, ardemment défendus par le législateur et bien-sûr par nous-mêmes », ont ajouté Antoine Baduel et Emmanuel Rials.
