Radio France – Entretien avec Jean-Paul Cluzel

RadioActu : Comment analysez-vous de manière globale les résultats du groupe Radio France ?
Jean-Paul Cluzel : Je suis content que nous redevenions le premier groupe radiophonique devant NRJ, surtout dans un contexte qui n’est pas formidable pour le média lui-même. Je suis content que sur sept de mes radios, 6 se maintiennent, voire s’améliore. Bien évidemment France Info, pour lequel je suis particulièrement satisfait et qui retrouve le peloton des trois première radios. Bleu performe également fort bien. France Musique, dans un secteur plus petit mais plus concurrentiel réagit fort bien face au nouveau format de Radio Classique. France Inter, en part d’audience, passe nettement devant Europe 1. Tout ce que nous avons le plus touché (le 6-7 de Patrice Roger, le 9-10 de Rebecca Manzoni) fonctionne très bien, dans un contexte de baisse. Nous sommes sur la bonne voie.

RA : Comment expliquez-vous ce contexte de baisse globale de la radio, à l’exception des programmes locaux, ce qui explique peut être la bonne tenue de France Bleu ?
J.-P. C. : Depuis que je suis à la tête de Radio France, je parle de la nouvelle donne multimédia. Il est évident que nous sommes dans une phase dans laquelle l’absence d’image et le fait que la mobilité devienne de plus en plus général qui est défavorable à la radio. Le fait brut, tous les médias le donnent. Il nous faut donc donner du sens, et le moyen le plus simple, c’est l’image. Ce n’est pas un hasard si des journaux comme Le Figaro ou Le Monde, dans leurs nouvelles formules, apporte un grand soin à l’image. C’est le retour à une tradition à l’excellente photographie de presse. La radio, elle, doit travailler sur le sens. Les mauvaises performances des musicales s’expliquent par le téléchargement et l’auditeur fait sa propre radio musicale. Le travail que j’ai entrepris avec mes équipes tend à améliorer la qualité et le sens. C’est la clé.

RA : France Inter souffre effectivement des rénovations que vous avez entreprises, mais France Info est toujours pénalisée par une faible durée d’écoute…
J.-P. C. : Pour une radio d’information, être entendu une heure, c’est déjà pas si mal pour une radio de ce format. Je pense que pour France Info, c’est l’audience cumulée qui est le bon critère, et pas la part d’audience. On ne peut pas viser plus qu’une heure. Il y a eu un travail formidable fait par les équipes de France Info qui, en un an, est passée d’une radio factuelle à une radio qui donne du sens, tout en conservant l’instantanéïté.

RA : Qu’est-ce qui fait la spécificité aujourd’hui de France Inter par rapport à des stations comme Europe 1 et RTL ?
J.-P. C. : C’est justement ce sur quoi nous travaillons. Il faut revenir aux fondamentaux de France Inter, c’est-à-dire la pertinence et l’impertinence. Notre vrai slogan sera sans doute « Réécoutez la différence ». La stratégie des généralistes est compliqué, car nous n’allons pas faire du RMC Info. Retrouver une alliance dans laquelle nous avons de l’information haut de gamme, du divertissement et de la culture populaire au meilleur sens du terme, c’est plus subtil. Il y a une relation affective avec les auditeurs.

RA : France Bleu enregistre des résultats similaires à ceux de l’année dernière. Quels sont les résultats de la tranche animée par Patrick Sabatier ?
J.-P. C. : En dépit de la formidable campagne de contre-publicité interne, il se trouve que Patrick Sabatier a retrouvé instantanément le niveau de l’année dernière, ce qui n’est pas si mal pour une nouvelle émission. J’ajoute que la tranche 13h30-14h est en nette progression et c’est une émission qui va bien s’installer. Elle n’a pas souffert d’une invraisemblante campagne de contre-propagande interne. Il est rare que le public ait tort.

RA : Les programmes locaux enregistrent de bons résultats. Comment expliquez-vous que France Bleu n’ait pas bénéficié davantage de cette dynamique ?
J.-P. C. : Si l’on prend la dernière vague, France Bleu a progressé de presque un point. Nous sommes dans un réseau qui est stable. Nous ne sommes hélas pas présents dans la région Rhône-Alpes, à Toulouse, dans la région lyonnaise et stéphanoise. C’est aussi un problème d’installation de rédaction : nous ne pouvons pas arriver dans une ville sans mettre en place une équipe par rapport aux enjeux que représentent ces très grandes métropoles.

RA : Le Mouv’, en dépit de sa faible couverture, enregistre un résultat satisfaisant…
J.-P. C. : Les enjeux d’attribution de fréquences pour Le Mouv’ sont fondamentaux. C’est une radio, qui pour sa zone de couverture par rapport à la couverture nationale, Le Mouv’ fait 3.7%, ce qui est comparable à MFM, mais avec un produit totalement différent. A zone de couverture comparable, France Bleu fait un score proche de celui de RMC. Je trouve que ce sont des scores tout à fait honorables.

RA : Radio France est toujours impliquée dans la radio numérique. Où en est le chantier de Radio France dans ce domaine ?
J.-P. C. : Il va y avoir de nouvelles rencontres avec le CSA. La formule qui nous conviendrait le plus, c’est une diffusion numérique sur les agglomérations par le DAB, le DVB-H ou le DMB, complétée par une diffusion satellitaire. Dans les deux cas, nous avons des satellites de diffusion directe qui sont compatibles soit avec le DAB soit avec le DVB. C’est ce qui convient à une radio qui, étant payée par l’ensemble des redevables, se doit d’avoir une couverture nationale. Le numérique est susceptible de nous apporter cette couverture pour des radios telles que FIP ou France Info, qui n’est pas reçue par le quart des français, c’est énorme ! Là aussi, si on rétablissait les choses, France Info, sur sa zone de couverture, réalise un score de 12.8%.

RA : Un mot sur les résultats de France Culture ?
J.-P. C. : Il sont stables, Kessler annoncera quelques modifications en janvier. Je pense que le podcasting que nous allons lancer en janvier sera particulièrement intéressant pour France Culture, et je pense que ce que nous allons proposer avec Radio France va vraiment détonner par rapport à la concurrence en termes de diversité et de richesse de l’offre.

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